mardi 31 janvier 2017

Et mes yeux se sont fermés de Patrick Bard



Editions Syros - parution en 2016

Le 1er chapitre de ce roman s’ouvre sur la voix de Maëlle, ou plutôt d’Ayat. Cette jeune fille de 16 ans, radicalisée, a décidé de partir pour la Syrie. Mais la vie tant rêvée, le paradis tant espéré n’est que de la poudre aux yeux. Ayat décide finalement de rentrer en France…un autre combat l’attend alors, celui de la déradicalisation. 

D’autres voix s’ouvrent alors dans ce roman choral pour expliquer comment Maëlle a basculé de l’autre côté, comment ses yeux se sont fermés au monde qui l’entoure. Comment son entourage a perçu, ou non, son changement. Sa maman, sa sœur, son petit-ami, son professeur…autant de voix pour expliquer qu’ils n’ont rien vu venir,  pour exprimer aussi la culpabilité de n'avoir rien vu venir...Expliquer aussi qu'à 16 ans on vit une transition dans sa vie qui n’est pas toujours simple. Une crise d’ado ! Mais pour Maëlle, ça va bien plus loin.  Elle rencontre des difficultés qu’elle préfère taire. Sa maman gère comme elle peut, mais pour éviter le conflit perpétuel avec sa fille ado rebelle, elle baisse parfois les bras, pensant que cette crise va passer. Maëlle se réfugie alors dans les réseaux sociaux et dans Internet pour trouver la réponse à ses questions. Et de là, le cercle se referme sur elle : théorie du complot, vidéos d’enfants malheureux, vidéos de tortures…toutes ces images et ces discours forgent peu à peu d’autres idéologies dans la tête de Maëlle au point de se radicaliser, de se marier et de partir pour la Syrie. 

L’auteur nous livre ici un roman fort sur l’endoctrinement des jeunes par Daech. C’est un roman à plusieurs voix, sans jugement.

Il est à destination d’un public ados mais tout le monde devrait le lire !

L’auteur a su trouver le ton juste pour être percutant sans être moralisateur. On ne ressort pas indemne de ce roman. On se pose beaucoup de questions à la fin du récit. Pendant la lecture du récit, j’ai vu un reportage sur la chaîne Public Sénat, « Djihad, les contre feux ». Le hasard a fait que ce reportage traitait, entre autre, des cellules de déradicalisation. La réalité venait de rejoindre la fiction que j’avais entre les mains car à son retour de France, Maëlle doit "apprendre" à se déradicaliser, et c'est Aïcha qui va lui venir en aide !

Un roman coup de poing, coup de coeur ! 

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