Flocons d'amour de John Green, de Maureen Johnson et de Lauren Myracle

Chez Hachette - 2015
 
Ce n'est pas une nouveauté que je présente aujourd'hui, mais ce roman est bien d'actualité :-)
En ces temps hivernaux et neigeux, quoi de mieux que de rester dans l'ambiance et de lire Flocons d'Amour. Ce romans pour adolescents vous plongera au cœur de l'hiver, à la veille de Noël. Une grosse tempête de neige va bouleverser la vie de plusieurs adolescents. C'est un roman choral où les destins s' entremêlent pour finalement s'imbriquer parfaitement.
Alors oui c'est un peu cousu de fil blanc mais en cette période de fête, ça fait du bien, n'est-ce pas ?!?
Trois auteurs prêtent tour à tour leur plume pour construire ce bon roman !

A lire en cette période de fête et de neige !

Bonnes fêtes de fin d'année à vous tous !!!

RDV en 2018 ! 

La femme qui traversait les Alpes avec une valise à roulettes et une urne de René Freud

Chez Kero - parution en 2017 

Le titre de ce roman est très explicite. Oui mais alors nous allons préciser que cette femme, Nora, doit traverser les Alpes pour un périple en Autriche, pour accomplir les dernières volontés de son père. Son père qui se trouve donc dans l’urne qu’elle transporte. Soit elle exécute le testament de son père, soit son héritage sera confié à une entreprise qui utilise des animaux comme cobayes industriels. Mmm, on voit que son cher papa lui a laissé beaucoup de choix.  Quant à la valise à roulettes, ne nous mentons pas, elle ne fera pas le voyage jusqu’au bout.

Et précisons que Nora ne connait pas la destination finale du voyage. Des indices lui sont communiqués post-mortem par son père au fil de son périple. Et notons que Nora  ne voyagera pas seule. Pour valider la bonne tenue du testament, elle est accompagnée de Bernhard, notaire viennois. Un brin ringard, assez sportif et surtout très vegan ! Tout le contraire de Nora qui est parisienne à fond, métro à fond et viande à fond ! Un duo explosif pour notre plus grand bonheur !

Un road movie initiatique à travers l’Autriche qui réserve bien des surprises autant pour les personnages que pour le lecteur ! Un roman qui nous fait rire mais aussi verser des petites larmes. Un roman plein de sagesse qui plaira aux amateurs de Raphaël Giordano.

Le père de Nora lui donne des indices vidéo ou écrits post-mortem au fil de son périple. Mais c’est aussi l’occasion pour ce papa de dire à sa fille tout ce qu’il ne lui a jamais dit de son vivant. C’est très émouvant.

Une lecture fluide qu’on n’a pas envie d’arrêter ! 

Tortues à l’infini de John Green

Chez Gallimard - parution en 2017

Le dernier roman de John Green est un véritable coup de cœur. Je le conseille pour des grands ados (à partir de 14 ans) mais aussi pour des adultes.

Dans ce roman, on fait la rencontre d’Aza, une jeune fille qui a vécu un drame familial : la perte de son père. Mais le gros problème d’Aza ce sont ses angoisses par rapport aux bactéries qui lui font rentrer dans des boucles obsessionnelles. Heureusement elle peut compter sur sa meilleure amie Daisy, une fan inconditionnelle de Star Wars, pour essayer de la sortir de là et de lui faire vivre une vie d’ado normal. Un énorme défi !

La vie d’Aza va changer le jour où Daisy se met en tête de retrouver le père de Davis, une connaissance d’Aza quand elle était enfant. Le père de Davis a disparu du jour au lendemain, et comme il est recherché par la police une grosse récompense est prévue pour quiconque le retrouvera… Daisy a besoin d’argent pour sa rentrée à l’université, et elle a besoin d’Aza pour approcher Davis…à partir de là leur vie va changer…

Les angoisses et les boucles obsessionnelles d’Aza sont au cœur de ce roman. C’est tellement bien décrit, que j’ai même eu beaucoup de mal à lire certaines scènes. Comme dans la vie je ressens beaucoup les choses, et surtout la douleur des gens, ça a été très compliqué pour moi de ressentir dans le roman le mal-être de la jeune fille. Mais c’est là que réside le talent de John Green !

Petit bémol, je trouve que la trame de l’histoire qu’on nous vend en 4^ème de couverture, c’est-à-dire la disparition du père de Davis, n’est vraiment qu’un prétexte à l’histoire. J’ai été un peu déçue car je m’attendais à ce qu’Aza et Daisy mènent plus l’enquête que ce qu’elles font dans le roman. Mais bon nous avons tout de même le dénouement de cette intrigue en fin de roman.

Et le titre du roman trouve son explication vers la fin...je ne peux vous en dire plus ! Découvrez cet auteur et découvrez l’histoire d’Aza !

Encore vivant de Pierre Souchon

Chez le Rouergue - parution en 2017

Dans ce premier roman, Pierre Souchon nous raconte sa propre vie. Une vie où il doit cohabiter avec sa bi-polarité.

A cause de son psychiatre qui lui fait stopper son traitement, Pierrre tombe dans une  phase maniaque sévère. Il finit un soir suspendu à la statue de Jean Jaurès, en caleçon, à bouffer du buis. C'est l'internement direct.
De là Pierre fait des flash-back sur sa vie : son 1er séjour en HP à 20 ans, sur sa vie d'étudiant, sa rencontre avec sa femme, son histoire familiale. On alterne avec le présent, dans l'hôpital où il est interné, et on suit son évolution, sa maladie.
Les 90 premières pages sont très confuses. Il faut s'accrocher pour continuer la lecture. Mais ça reflète l'état de Pierre, sa propre confusion. Il est dans le déni de sa rechute. Après la lecture devient plus fluide. On va vers la reconstruction. On ne parle pas de guérison mais d'acceptation de la maladie, de la bi-polarité. 
Il y a de très belles choses sur la maladie, sur l'histoire des grands-parents de Pierre Souchon, sur sa relation avec son père. J'ai d'ailleurs trouvé très émouvante la relation qu'il entretient avec son père. Dans le roman, Pierre aborde aussi le monde agricole qu'il égratigne parfois comme le monde bourgeois.
Un premier roman très bien écrit, intimiste certes car c'est la vie de l'auteur mais il y a beaucoup d'humour, ça dédramatise le sujet de la maladie. On apprend de nombreuses choses sur la bi-polarité, un premier roman réussi ! 

Eleanor Oliphant va très bien de Gail Honeyman

Fleuve - parution 2017

Eleanor nous le dit et nous le répète : ELLE VA TRÈS BIEN ! Alors pourquoi on s’en ferait pour elle ? Peut-être, parce qu’à 30 ans, elle vit seule, très seule, sans petit-ami (le dernier en date lui tapait dessus), sans amis (bah pourquoi faire ?!?), avec un contact très particulier avec sa mère, en faisant un travail très très insignifiant par rapport à ses compétences intellectuelles et en ayant une image d’elle plutôt négative. D’ailleurs elle s’en fiche de son image. Elle sait très bien qu’avec sa cicatrice sur son visage, et son eczéma sur les mains, personne ne voudra jamais d’elle. Alors à quoi bon faire les boutiques, prendre soin de ses cheveux, de sa peau ?? Non, la vie d’Eleanor est parfaite. Quand elle ne travaille pas, elle rentre chez elle, écouter des émissions à la radio et noyer son week-end dans la vodka. Pas de quoi s’inquiéter, n’est-ce pas ?

Et puis un jour un homme insignifiant aux yeux d’Eleanor va rentrer dans sa vie. Il s’agit de Raymond, le nouvel informaticien de sa boite. Et puis avec Raymond, Eleanor va porter secours à un vieil homme dans la rue…Et puis Eleanor va avoir un coup de cœur pour un musicien un soir de concert…et tous ces petits événements, insignifiants pour Eleanor vont changer sa vie… 

Un roman qui peut paraître « léger » d’un premier abord mais qui se révèle être un très beau roman, très touchant traitant d’un sujet complexe.

Eleanor a une personnalité particulière. A 30 ans elle est loin de vivre avec son temps. Elle ne comprend pas toujours le second degré ni l’humour et elle parle aux gens sans filtre. Ce qui donne une touche humoristique au roman. Mais Eleanor nous agace aussi un peu. Cependant on comprend très vite qu’Eleanor n’a pas eu une enfance comme les autres, elle n’a donc pas construit sa vie d’adulte correctement. Elle est psychologiquement instable. Elle en devient touchante.

Et la 3^ème partir du roman révèle tout ! Tout explose autant pour Eleanor que pour le lecteur !

Un gros coup de cœur pour ce roman !

Pour vous donner le ton d’Eleanor, j’ai choisi un extrait.

Eleanor et Raymond portent secours à un vieil homme, Sammy. Hospitalisé, ils vont lui rendre visite. Eleanor n’a pas l’habitude de faire ce genre de chose. Après quelques discussions banales qui ennuient Eleanor, elle demande à brule-pourpoint :

-          « Combien de temps pensez-vous rester ici Sammy ? […] Je vous le demande car les risques de contracter une infection postopératoire augmentent de manière significative à mesure que le séjour à l’hôpital s’allonge. Gastro-entérite, staphylocoque doré, […] »

Charmant, n’est-ce pas ?!? ;-)