La dernière allumette de Marie Vareille / Un animal sauvage de Joël Dicker / Par la force des choses de Claire Norton

Voici mes dernières lectures :

La dernière allumette de Marie Vareille. Chez Charleston - 2024.

Dans son dernier roman l’autrice aborde le sujet des violences conjugales. On fait la connaissance d’Abigaëlle qui sera la narratrice et le fil rouge du roman. Avec son frère Gabriel, elle n’a pas eu une enfance heureuse. Souvent les cris et les coups de leur père ont remplacé l’amour et les rires.

Un très beau roman, le ton est juste. On peut penser que le dénouement est prévisible dès les premiers chapitres, mais Marie Vareille arrive à nous surprendre avec un basculement en cours du récit dont ne s’attend pas.

Un animal sauvage de Joël Dicker. Chez Rosie & Wolfe - 2024. 
Direction Genève, le terrain de jeu préféré de l’auteur. Sophie et Arpad forment le couple idéal. Ils sont beaux, ont deux beaux enfants, une très belle villa et une carrière professionnelle au top. Tout le monde les envierait. Et c’est justement le cas de Karine et Greg, leurs voisins. Eux aussi sont heureux, ont deux beaux enfants, un pavillon, mais il y a le petit truc qui manque…Le couple va bientôt développer une véritable obsession envers Sophie et Arpad. Si Karine est plus dans le paraître, pour Greg, policier, c’est une obsession plus charnelle, plus dangereuse qui nait. A force d’épier ce couple parfait, Greg va découvrir des zones d’ombres. Les belles apparences sont parfois bien trompeuses.

Joel Dicker nous plonge dans un thriller psychologique autour de ces deux couples. Les pages et les chapitres défilent sans que l'on s’ennuie.

Ce que j’ai moins aimé : le voyeurisme de Greg m’a tout de même beaucoup dérangé.  

Par la force des choses de Claire Norton. Chez Robert Lafont - 2023.
Farouchement indépendante, Lisa n’a jamais cru au « grand amour ». Pour elle, un couple est avant tout un partenariat. Donc mariage, cotillons etc. on oublie. Pourtant Lisa va connaitre deux fois l’amour. La première fois, en la personne de Céleste, sa fille, son cadeau de la vie inespérée et la seconde fois en la personne de Victor, son coup de foudre lors de la finale de la coupe du monde de 98 qu’elle retrouve des années plus tard. Entre eux, l'amour est toujours là. Lisa doit alors se confronter à ses contradictions, à ses choix et, par la force des choses, à ceux des autres et à leurs conséquences.

Un récit qui commence comme une romance...mais il devient plus sombre, plus dur au fil des chapitres, au moment où Lisa fait un choix que son compagnon Charles n'accepte pas. Par la force des choses, la vie de Lisa et la relation qu'elle entretient avec sa fille vont devenir plus compliquées.

La lignée d'Aurélie Valognes

Chez Fayard - 2024

Pour son dernier récit, Aurélie Valognes nous livre un roman épistolaire.

C'est un style littéraire que j'affectionne tout particulièrement. J'ai donc pris beaucoup de plaisir à me plonger dans ce récit. 

Dans ce roman, on fait la connaissance de Louise, qui écrit à son autrice préférée, Madeleine. La jeune femme cherche en Madeleine des conseils précieux pour son avenir littéraire. Louise a une grande admiration pour Madeleine qu'elle considère comme son mentor.

Au fil des correspondances, des mois, des années, on suit les débuts prometteurs de Louise dans le monde littéraire, ses échecs, ses doutes, ses réussites. La problématique d'allier son envie d'écriture avec sa vie de femme, sa vie de famille. Et en parallèle, Madeleine livre son histoire. Et en se confiant, elle donne aux lecteurs une autre histoire à découvrir.

Ce roman est très touchant, il y a de magnifiques passages. A travers leur métier d'autrices, Louise et Madeleine nous livrent leurs conditions de femme dans la société, et aussi la vision très réduite du métier d'écrivain encore trop souvent défini comme un hobby plutôt qu'un véritable métier. 

Voici deux extraits qui m'ont particulièrement touchée :

"Peut être qu'un jour on arrêtera de penser qu'une femme doit être parfaite et réussir sur tous les tableaux, peut-être qu'un jour aussi on arrêtera de mentionner le métier de son mari ou son nombre d'enfants pour la présenter, et que faire bien le métier qu'elle a choisi sera suffisant".

"Je ne veux plus jamais qu'on me fasse passer pour inférieure, faible, inintéressante, non importante, stupide, misérable, égoïste ni méchante. Je ne veux plus jamais être de celles qui se taisent, laissent faire, n'osent pas, ou oublient la solidarité." 

J'ai aussi beaucoup aimé l'épilogue de l'autrice qui m'a donné envie de lire son précédent roman "l'envol". D'Aurélie Valognes j'ai surtout lu ses premiers romans très feel-good comme "Mémé dans les orties" ou encore "En voiture Simone". Des romans empreints de légèreté et d'humour même si des sujets de fond étaient déjà traités avec des personnages souvent émouvants. 

Dans ce dernier roman, l'émotion est bien présente.

A lire ! 

Le bureau des éclaircissements des destins de Gaëlle Nohant

Chez Grasset - 2024

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, des millions de déportés ont été dépossédés de leur humanité, logement, et affaires personnelles.

Après la guerre, il a semblé important pour les autorités de rendre les objets de ces millions de déportés à leurs descendants, s'il y en avait. C'est dans cet optique qu'Irène a été engagée à ITS : l’International Tracing Service.
En 2016, la jeune femme se voit confier trois enquêtes : restituer un médaillon aux descendants de Wita, retracer l'histoire d'un Pierrot détenu par Lazar et revenir sur l'histoire de son ancienne collègue et amie Eva.

Un travail de fourmi attend Irène, qui ne sera pas sans la bouleverser, mais aussi les familles qu'elle va contacter. Irène va remonter le temps, retourner sur les lieux de la guerre pour tenter de retracer ces histoires et déterrer les fantômes du passé. Pour les familles des victimes, est-ce un soulagement de retrouver un objet qui appartenait à un aïeul ou bien est-ce remuer un passé douloureux ? Et Irène dans tout ça ? Elle ne doit pas oublier son présent, son fils, son histoire, au détriment des fantômes de la guerre.

Un roman bouleversant, très bien documenté, notamment sur le ghetto de Varsovie. Une magnifique écriture.

J'ai trouvé que le roman était tourné vers les destins de femmes. Des femmes maman dont on a arraché les enfants, des femmes protectrices envers les orphelins des camps, des femmes résistantes, des femmes courageuses. 

Malgré tout, j'ai eu un petit peu de mal à rentrer dans le récit. Peut-être à cause de la thématique ou du personnage d'Irène que j'ai trouvé d'un premier abord froid. Probablement une forme de protection pour cette femme qui est confrontée chaque jour à l'horreur de l'Histoire. Mais du moment où j'ai fait la connaissance de Wita, j'ai eu dû mal à lâcher le roman. Et pourtant parfois j'avais besoin de petites bulles d'oxygène pour ne pas être trop happée par les horreurs de cette guerre.

Un roman difficile, bouleversant, à découvrir.

Comment j'ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès de Romain Puértolas

Chez Albin Michel - 2024

Il y avait bien que Romain Puértolas pour se mettre en scène dans un roman avec Xavier Dupont de Ligonnès.

Dans son dernier récit, on assiste au procès de Romain Puértolas lui-même. Mais qu'a bien pu faire l'écrivain pour être recouvert de bandelettes et se retrouver devant un tribunal ? Il est accusé d'avoir tué Xavier Dupont de Ligonnès, l'homme le plus recherché de France. Et avec un couteau à beurre, s'il vous plaît ! 

Tout au long du récit, on revient sur ce qui a amené Romain Puértolas devant les tribunaux et sur son enquête. Par ailleurs, l'auteur nous entraîne dans la tête de Xavier Dupont de Ligonnès pour connaître sa version des faits. Il faut être culotté pour amener le lecteur dans la tête de ce meurtrier. Il n'y a que Romain Puértolas pour réaliser avec brio cet exercice. 

Dans ce roman, on retrouve les ingrédients qui font le succès des romans de Romain Puértolas : humour, absurdité, sujets de fond en filigrane et retournement de situation. On rajoute l'auto-dérision car dans ce récit l'auteur se met en scène.

J'ai appris que Romain Puértolas était policier dans son autre vie et que l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès l'a obsédée pendant des années. Il a forgé des hypothèses, relevé les points faibles de l'enquête pour nous en faire part dans ce récit.

Alors est-ce que Xavier Dupont de Ligonnès a été tué avec un couteau à beurre, dans une cuisine par un écrivain ? Pour la réponse, je vous laisse découvrir le roman.

Lecture plaisante, intéressante, inquiétante aussi ... avec quelques longueurs malgré tout. Je suis toujours fan de l'écriture de cet auteur mais les romans qui restent définitivement pour le moment dans mon cœur sont L'extraordinaire voyage du fakir [...], La petite fille qui avait avalé un nuage [...] et La police des fleurs, des arbres et des forêts.

Mon coeur a déménagé de Michel Bussi

Chez Les Presses de la Cité, 2024

L’intrigue du dernier roman de Michel Bussi se situe en 1983. Ophélie, dit Folette, à 7 ans à l’époque. Elle vit dans le quartier Sorano à Rouen.

Le roman débute par une scène qu’on comprend de suite qu’elle sera dramatique : Maja, la maman de Folette supplie Richard Vidame, son assistant social, de rester jusqu’au retour de son mari. Ce soir-là elle a peur de lui, un peu plus que les autres soirs. Mais Richard Vidame n’entend pas sa détresse, ou ne veut pas l’entendre. Malheureusement Maja avait raison. Jo rentre fatigué et alcoolisé. Il pense que Maja lui ment. La dispute tourne au drame, et au détour d’une course-poursuite, la mère de Folette meurt en tombant d’une passerelle. Folette, 7 ans, se retrouve en foyer, orpheline de mère, avec un père en prison.
Mais la petite Folette n’a rien oublié de cette nuit tragique. Ni la violence de son père, ni le désarroi de sa mère, ni les sept lumières allumées cette nuit-là dans l’immeuble et encore moins le mépris de Richard Vidame vis-à-vis de sa mère. Les images de Vidame ne répondant pas à la détresse de sa mère hante la jeune fille tous les jours. Elle finit par développer une haine incommensurable envers cet homme. Folette ne trouvera la paix que lorsqu'elle se sera vengée de cet homme, même si elle doit consacrer sa vie entière à cette vengeance.

Un roman prenant, qu'on a dû mal à lâcher. On s'attache rapidement à Folette, cette petite fille de 7 ans qui essaie de se construire après ce drame familial. On suit Folette depuis ses 7 ans, on la voir grandir malgré les drames qui ponctuent sa vie, on suit son enquête et surtout sa soif de vengeance et on se demande jusqu'où ira-t-elle et surtout si elle finira par découvrir la vérité. 

Pour ce roman, Michel Bussi a posé ses personnages et son intrigue à Rouen, essentiellement dans le quartier Sorano. Le titre du roman n'est pas anodin puisqu'il s'agit des paroles de la chanson "Si maman si" de France Gall. Et, en effet, le thème de la maman est au cœur du roman de Michel Bussi.
Un récit qui se déroule dans les années 90, sous fond de mutations sociales avec notamment un pan sur le mouvement de grève de 1995.

J'ai bien aimé la construction du roman. Il est composé de grandes parties qui correspondent aux grandes décennies qui vont marquées la vie de Folette. Et puis chaque chapitre est consacré à un personnage. Un personnage qui est personnellement interpellé par Folette qui est la narratrice du roman. 

Un roman entre faits de société et policier. Je conseille :-)

La vie heureuse de David Foenkinos

Chez Gallimard, 2024

Suite à l’élection d’Emmanuel Macron, Eric est repéré pour sa brillante carrière chez Décathlon et est débauché par une ancienne camarade de classe, Amélie, pour œuvrer pour l’État.

Ensemble, ils vont devoir convaincre l’entreprise Samsung d’investir en France. Les voilà partis à Séoul. Ce voyage va s'avérer pour Eric beaucoup plus important qu'un simple voyage d'affaire. Cela va se transformer en voyage d'une vie. En effet, en déambulant dans les rues, il est attiré par les néons d'Happy Life. Ce concept donne la possibilité aux personnes de vivre leur propre enterrement. Être confronté à la mort peut vous permettre de retrouver le goût de la vie. Cette expérience va changer sa vie.

De retour en France, Eric laisse tomber la politique et Amélie, et après le confinement lié au Covid, il sent qu’il est temps pour les français de goûter à l'expérience de "la vie heureuse"...

Un roman en trois parties. La première partie pose la situation, le contexte, les personnages et leur personnalité. Eric se définit lui-même comme étant absent du monde, il au bout de sa vie professionnelle et il souffre de son divorce et surtout de l'absence de son fils. Amélie est au contraire très ambitieuse, elle est heureuse dans sa vie personnelle et sa carrière décolle suite à l’élection d’Emmanuel Macron.
Les deux autres parties vont montrer tour à tour Éric et Amélie après leur voyage à Séoul et les conséquences de ce voyage sur les deux personnages. 

Comme pour ses autres romans, David Foenkinos met en scène des personnages très humains, qu'on pourrait croiser dans notre vie quotidienne. Il n'y a rien de glauque dans la conception d'Happy Life. Bien au contraire, cette méthode réveille Eric et va éclairer aussi la vie d'Amélie. Les personnages d'Eric et Amélie, bien que très différents dans leur personnalité, sont tous les deux très attachants.

L'auteur s'est inspiré du concept tendance en Corée du sud de vivre son propre enterrement. Il imagine que le concept peut être importé en France. Est-ce que ça pourrait fonctionner ? Est-ce qu'on ressort plus vivant que jamais de cette expérience avec une autre vision de la vie ? Personnellement me savoir enfermée dans un cercueil m'oppresserait trop, mais pour le personnage d'Eric comme pour des milliers de coréens, l'aventure à l'air d'être bénéfique.

David Foenkinos égratigne aussi le monde politique et le monde du travail en général. Quand tout va bien, on est encensé et mis sur un piédestal. Mais la moindre erreur peut être fatale. Amélie va en faire les frais. 

Une histoire et des personnages qui m'ont happé.

Mon tour de manège de Gilles Legardinier

Chez Flammarion - 2023

Une lettre, une simple lettre peut bouleverser une vie. C'est ce qui va arriver à Amandine. La vie de la jeune femme va prendre un virage à 360 degrés le jour où elle apprend que son père n'est pas son père, et que son géniteur, venant de décéder, lui lègue une maison en pleine campagne et aussi une belle famille pas si belle que ça ! 

C'est les montagnes russes dans la tête d'Amandine. Complètement perdue, la jeune femme se renferme sur elle-même, dans un premier temps. Impossible d'aborder le sujet avec ses parents, pas plus avec ses meilleures amies "les patates". Elle va donc se consacrer à son héritage, à cette maison de campagne, le seul lien qui lui reste avec son géniteur.

Dans ce grand manège où elle est embarquée, Amandine va devoir apprivoiser sa nouvelle vie comme sa nouvelle maison. Certaines rencontres vont être bouleversantes...

Bien que le sujet soit intéressant et le personnage d'Amandine attachant, j'ai eu du mal à rentrer dans le dernier roman de Gilles Legardinier. Il y a pas de mal de longueur et malgré le ton humoristique du roman, je me suis souvent ennuyée, au point de me demander si j'allais continuer ou non ma lecture. Mais j'ai tout de même persisté vouloir savoir comment Amandine allait s'en sortir avec cette bouleversante nouvelle qui lui tombe sur la tête. 

Je reste plutôt mitigée sur cette lecture. J'ai connu des romans de Gilles Legardinier plus prenant que celui-ci.